La fouille archéologique à Acoua a reprise depuis quelques semaines (septembre 2011), élargissant la zone étudiée à la totalité de l'ancienne porte fortifiée.
Des niveaux comportant de la poterie de tradition "Acoua" (XIVe siècle) ont été rapidement atteints. Deux "importations", d'un grand intérêt pour l'établissement d'une datation ont été découvertes en stratigraphie:
Céladon de Longquan (Chine):
Le céladon (greenware celadon) ou "bare-circle" est une céramique chinoise produite à Longquan (lien pour plus d'informations ), caractérisée par une absence de décor et une glaçure verte cherchant à imiter le jade.
La céramique de Longquan est devenue la première production de masse chinoise destinée à l'exportation. On la retrouve dans tous les sites archéologiques de l'Océan indien occidental, en quantité rivalisant avec la céramique islamique.
Si la production de Longquan débute dès la dynastie Song (le site archéologique de Dembeni en fournit de nombreux exemplaires), c'est surtout sous la dynastie Yuan (1276-1367) pendant laquelle cette céramique connaît la plus large diffusion, avec le développement du port commercial de Quanzhou où les marchands arabes venaient s'approvisionner.
Les routes par lesquelles cette céramique arrivait jusqu'en Afrique de l'Est sont connues: on en retrouve de grandes quantités au Sri Lanka sur le site de Polonnarua (XIIIe siècle) ainsi que dans les ports du Golfe persique comme le vieux Ormuz (Mark Horton, Shanga, 1996, 307). Une route commerciale austronésienne directe, de l'Indonésie à Madagascar est envisageable (les sites archéologiques malgaches présentant alors peu d'importations islamiques par comparaison aux importations d'extrême-orient).
Stéphane Pradines à Gedi note que 70% des céladons trouvés proviennent des niveaux archéologiques du XIIIe-XIVe siècle, contre seulement 30% pour le XVe siècle (S.Pradines, Gedi, 2010 pp.224-225). La période de plus grande diffusion du céladon en Afrique de l'Est couvre en effet la période 1350-1400. C'est donc un excellent marqueur chronologique pour notre site d'Acoua, d'autant qu'il est ici associé aux décombres de l'ultime phase de construction de la porte du rempart. De plus, il confirme la datation absolue du XIVe siècle donnée par l'analyse RC14 pour des niveaux similaires à Acoua, dans le "quartier des notables" (campagne de fouille 2005-2008).
Perle rouge
Ce type de perle, réalisée à partir de pâte de verre rouge, est assez courant sur les sites archéologiques d'Afrique de l'Est datés du XIVe siècle. On en rencontre ainsi au Nord-Ouest de Madagascar, sur le site de Mahilaka (Chantal Radimilahy, Mahilaka, 1998, p191), dans les niveaux les plus tardifs dattribués au XIVe siècle.
La production de perles en pâte de verre rouge est principalement localisée dans l'Inde du Sud-Est et au Sri Lanka.
M.Pauly