En 1992, John Guthrie, un peu "chasseur de trésors" à ses heures, découvre, en rade de Dzaoudzi vingt quatre canons en fonte de fer, éparpillés en deux groupes de part et d'autre d'une "patate de corail". Quatre de ces pièces d'artilleries furent remontées à la surface et sont, depuis quelques années maintenant, exposées dans un petit local de la MAPAT.
Leur datation est acquise: il s'agit de canons de fabrication anglaise (arsenaux de Woolwich sur la Tamise) datés du dernier quart du XVIIe siècle. H.D. Liszkowski en a publié la description (2000, pp 196-197). Le plus grand, la "couleuvrine" pèse plus de deux tonnes, le plus petit "sacre" ou "mignon" (quelle poésie!) ne pèse qu'une demi-tonne!
John Guthrie a émis l'hypothèse qu'il pouvait s'agir ici des canons du "Ruby", navire anglais de la Compagnie des Indes britannique, qui fit naufrage à Mayotte en 1699. Aucune épave n'étant associée à ces canons, il imagine que des pirates auraient tenté de récupérer l'artillerie du navire, et que leur radeau aurait fini par chavirer. Daniel Liszkowski a une explication plus convaincante: la disposition des canons séparés en deux groupes de part et d'autre d'un récif, suggère le scénario classique du navire qui talonne un récif et qui se déleste de son artillerie pour pouvoir repartir. Rien n’atteste en réalité que ces canons appartiennent au «Ruby»: les escales de navires anglais étaient fréquentent à la fin du XVIIe siècle.
Ces signes spectaculaires de la présence européenne à Mayotte au XVIIe siècle ne sont pas uniques, des canons identiques font la joie des plongeurs au large de l'îlot Handrema par exemple. Le lagon de Mayotte présente de nombreuses épaves, quelquefois de simples grappins ou ancres, quelquefois plus..., les récits du XVIIe et XVIIIe siècle signalent beaucoup de naufrages dans ses eaux. Ainsi, en 1720, le célèbre pirate Olivier Levasseur, dit Labuse, y perd son navire, "la Reine des Indes" après avoir confondu Mayotte pour Mohéli, erreur classique causée par l'imprécision des cartes de l'époque.
Toute nouvelle découverte est à signaler auprès du DRASSM (Direction de la Recherche Archéologique Subaquatique et Sous-marine).
M.Pauly