Le chantier reprend l'étude de la portion du rempart laissée en suspend depuis le mois de juillet (juillet 2011: poursuite de la fouille archéologique à Acoua). L'objectif est ici de déterminer quel était le niveau de sol au moment de la construction du rempart et de débuter l'exploration des niveaux plus anciens, antérieurs à la construction de cet ouvrage.
Ces dernières semaines ont été consacrées au dégagement d'un niveau de sol particulièrement intéressant car correspondant au niveau de construction du rempart. On y observe une couche homogène composée d'une croûte de chaux, ainsi que du gravillons et du sable apportés là pour réaliser le mortier de chaux employé par les maçons. Sur la photographie, ci-contre, on distingue cette couche blanche de mortier de chaux interrompue à un endroit par un trou de poteau et des pierres de calage qui suggéreraient l'existence d'une structure en végétal, sur poteaux, accolée au rempart et qui pourrait être interprétée comme un éventuel "chemin de ronde" en bois, facilitant aux défenseurs l'accès au parapet du mur.
Un sondage, au premier plan de la photographie, a mis en évidence des niveaux antérieurs à la construction du rempart. Ce sondage révèle que les fondations du rempart ne dépassaient pas les 15 centimètres de profondeur, ce qui est fort peu et explique l'affaissement et l'inclinaison subis par ses maçonneries.
Le niveau le plus ancien observé dans ce sondage (où le substrat naturel n'a pas encore été atteint) présente une intéressante structure rubéfiée indéterminée qui est peut-être liée à un contexte d'habitat (ou bien, il pourrait s'agir des restes d'un enclos primitif en matériaux périssables). La céramique associée correspond à des tessons locaux portant des motifs d'impressions de coquillage ("arca") qui se rapportent à la tradition culturelle Hanyoundrou, des Xe-XIIIe siècles, chronologie confirmée à Acoua sur des niveaux similaires par deux datations RC14 réalisées en 2008. Plus rares, les rejets alimentaires sont composés de coquillages, fragments de coquilles d'oursins, ossements de poissons, ainsi que de petit bétail (chèvre ou mouton).
À gauche, sondage révélant un niveau d'occupation antérieur à la construction du rempart (dont les maçonneries sont visibles à droite de l'image) avec structure indéterminée composée d'un sol damé et rubéfié et avec présence de charbons de bois. À droite, tessons provenant de ce niveau, décorés d'impressions de coquillage "arca", ils sont caractéristiques des traditions culturelles les plus anciennes présentes à Mayotte.
M.Pauly