La pointe Kahirimtrou à Acoua est un lieu sacré, particulièrement le lieu-dit "Antsiraka Boira" réputé peuplé d'esprits (une pierre sacrée "vato masina", entourée de tessons médiévaux y est connue lien vers l'article). C'est à l'évidence, l'un des premiers villages de la baie d'Acoua, dont l'occupation remonte à la culture Hanyoundrou (Xe-XIIIe siècle). Je connais bien ce site archéologique, pour en avoir été "l'inventeur" en 2005, mais ce n'est que récemment, que j'ai découvert, à l'extrémité ouest du site, là où le plateau d'Antsiraka s'achève et où la pente conduit à une petite plage, un ancien cimetière totalement inconnu jusqu'ici:
Les sépultures (des dizaines) sont matérialisées par des alignements de pierres dressées (décrivant quelque fois un rectangle), des petits cercles de galets ou encore des blocs de corail. Parfois largement espacées les unes des autres, il arrive qu'elles se concentrent en un même endroit. Le bord du plateau, (l'ancien accès au site par la plage) concentre ces sépultures.
Il n'est pas aisé de proposer pour l'heure une datation à ces vestiges qui mériteraient certainement un sondage archéologique pour en déterminer la chronologie et le rite auquel elles répondents. Cependant, cette découverte tendrait à revoir l'interprétation première du site d'Antsiraka qui pourrait être non pas un ancien village mais, à l'époque médiévale (culture Hanyoundrou), le premier cimetière du village d'Acoua-Agnala M'kiri. On sait en effet que dans la culture malgache, les cimetières sont volontairement éloignés des habitations, par crainte des esprits. La pierre sacrée, située plus haut à quelques dizaines de mètres pourrait alors être interprétée comme un lieu de dépose d'offrandes dans le cadre d'un culte rendu aux esprits des ancêtres. Cette croyance a survécu jusqu'à nos jours par les superstitions rattachées à ce lieu.
Aux siècles suivants, notamment à partir du XIVe siècle, les sépultures se rencontrent autour de la mosquée d'Acoua-Agnala M'kiri, ou sur la pente ouest de ce village, côté plage où de nombreux squelettes ont été découverts fortuitement ces dernières décennies. Cela indiquerait un nouveau rapport aux défunts, probable conséquence de l'islamisation de la société.
M.Pauly