Il existe au Nord-Ouest de Madagascar ainsi que dans quelques villages de Mayotte (Poroani, Ouangani, Pamandzi-quartier de Sandravouangué- et peut-être anciennement à Acoua) une communauté musulmane de langue malgache mais qui se distingue du ki-bushi de Mayotte et du Sakalava: les Antalaotsy. Ces Antalaotsy (prononcer Antalaouts’ ou Antalaotra selon la prononciation malgache en Imerina), parlent un dialecte malgache comportant de nombreux emprunts à l’arabe et au swahili (nous renvoyons vers Noël Guenier qui a réalisé un lexique du parlé antalaotsy de Mayotte, Gueunier 1986). Jusqu’au XVIIIe siècle, par leurs cités commerçantes que Pierre Vérin a appelé les «échelles de commerce», les Antalaotsy étaient les intermédiaires incontournables maîtrisant le commerce maritime entre la côte Nord-Ouest de Madagascar et le reste de l’océan Indien occidental.
On peut dire, à titre de comparaison, que les Antalaotsy sont le pendant à la côte nord-ouest de Madagascar des Swahilis en Afrique de l’Est. Leur culture, bien que malgache comme leur langue l’atteste, est en effet largement influencée par la culture arabo-musulmane et leur culture matérielle (notamment l’architecture) s’apparente à celle de la civilisation swahilie. À la côte Est de Madagascar, les Antemoro de Manakara ou les mystérieux Rasikajy de Vohémar par exemple, en tant que Malgaches islamisés s’apparentent aux Antalaotsy.
Cette population antalaotsy qui échappe pourtant à bon nombre de guides touristiques sur Madagascar, ou quelque fois simplement appelés «Arabes», ont pourtant conservé des traditions très vivaces encore aujourd’hui. Leur histoire est principalement connue grâce au travail des historiens qui ont collecté les relations de voyage européennes des XVIe-XVIIe siècles, essentiellement portugaises (notamment les Grandidier), les descriptions ethnographiques comme celle de Guillain en 1845, et par les recherches archéologiques que Pierre Vérin entreprit il y plus de cinquante ans dans les baies de Mahajamba et de Boeny, près de la ville actuelle de Majunga. Même si les traditions Antalaoutsy ne remontent pas au delà du XVème siècle, l’établissement arabe de la baie d’Ampasindava à Mahilaka entre le Xe et XIVe siècle fut peut-être le premier port où s’élabora la culture antalaotsy. De même, aux Comores, et particulièrement à Mayotte, la civilisation Dembeni étudiée par d’éminents chercheurs comme Claude Allibert ou Henry Théodor Wright serait celle, un siècle avant Mahilaka, qui aurait forgé cette culture malgacho-bantou-arabo-persane à l’origine des Antalaotsy.
La côte nord-ouest de Madagascar: Ankouala, "la côte des baies":
Lorsque les Portugais explorent cette côte pour la première fois en décembre 1506, ils rencontrent toute une succession de ports de commerce peuplés d’Arabes, sous l’autorité d’un sultan résidant sur un îlot de la baie de Mahajamba. Cette région de Madagascar qui s’étend du cap Saint André, au Sud, au cap d’Ambre au Nord, présente de nombreuses baies où s’établirent entre le Xe et XVe siècles des comptoirs arabes que Pierre Vérin appela dans sa thèse de 1975, les «échelles anciennes de commerce de Madagascar».
1. Les traditions antalaotsy
1.1 Le mythe fondateur de l’île engloutie.
Tout comme les malgaches islamisés de le côte Est de Madagascar qui revendiquent être les descendants du géant Darafify, les Antalaotsy, qu’ils vivent à Mayotte, Nosy Bé ou aux environs de Majunga, affirment être originaire d’une île aujourd’hui disparue: l’île de Mojomby qu’ils durent quitter après une catastrophe naturelle qui l’engloutit totalement dans la mer. Si l’on imagine sans peine au travers de ce mythe le résultat catastrophique d’un cyclone ou d’un raz de marée dévastateur, la localisation de cette île, tout comme la chronologie de ces faits sont restés incertains.
1.2 Tradition antalaotsy recueillie par Guillain à Nosy Bé en 1845: un héritage shirâzi et swahili.
Comme pour les chroniques swahilies ou de celle des Comores, les Antalaotsy conservent en mémoire un récit fondateur de leur origine et de leur histoire. Peu diffusée, il est intéressant de le rappeler dans son entier:
La ville ou le district de Boukdadi, située aux environs de Basra (Bassora), était jadis sous l’autorité d’un cheik nommé Hassani, qui y vivait avec sa famille. Un jour, l’un de ses fils, ayant été réprimandé par lui dans une assemblée, en éprouva un tel ressentiment, qu’il s’emporta jusqu’à frapper son père au visage. Les assistants, indignés d’un attentat aussi odieux, allaient immédiatement mettre à mort le fils coupable; mais Hassan les arrêta et se contenta de le faire incarcérer. Cependant le soin de sa dignité, profondément blessée par cet outrage, qu’il ne sentait pas la force de laver dans le sang de son fils, lui faisait regarder comme impossible un plus long séjour dans le pays, et il conçut le projet de s’expatrier. Il fit donc toutes ses dispositions de départ, et, s’embarquant avec les gens qui devaient le suivre, ses esclaves et ses richesses, s’éloigne pour toujours des lieux témoins de son affront. La flotte qui portait les émigrants était composée de sept daws: elle sortit du Golfe persique, se dirigea vers la côte orientale d’Afrique, et y aborda dans une petite baie située un peu au Sud de Mombaza.
Hassani débarqua avec son monde, s’établit sur la rive gauche d’une rivière qui débouche dans cette baie, et y jeta les fondements d’un village qu’il nomma Pangani. On ne dit pas si ce nom était jadis celui de la rivière, ou si le nom de Pangani, que celle-ci porte encore, lui est venu du nom donné au village par son fondateur.
À sa mort, Hassani laissa deux enfants mâles, dont l’aîné, nommé Amadi, hérita de l’autorité de son père; l’autre nommé Kambamba se transporta avec ses partisans sur l’autre bord de la rivière, et y éleva le village de Bouéni.
Des guerres qui survinrent quelques années après dans le pays environnant, inspirant aux colons des craintes pour eux-mêmes, les décidèrent à quitter la côte d’Afrique et à chercher une contrée où ils pourraient vivre plus tranquilles. Les deux frères s’embarquèrent alors, avec tout leur monde, sur les bateaux qu’ils possédaient, et se dirigèrent vers la terre de Kom’ri, nom sous lequel Madagascar était alors désignée par les navigateurs arabes.
La flottille atterrit près de l’extrémité nord de l’île, à Ampan’hassi [Ampasindava], où les émigrants débarquèrent, avec l’intention de s’établir dans les environs. Ils y avaient fait déjà quelques constructions et élevé une muraille autour de l’emplacement choisi par leur village, mais ayant reconnu plus tard que le terrain avoisinant était impropre à la culture, ils se transportèrent au Sud, d’abord sur l’île dite Nossi-Comba, qui fut elle-même bientôt abandonnée, et ensuite à la baie de Matsamba [Mahajamba]. Là ils fondèrent un nouveau village qui fut appelé Pangani. Du nom de leur premier établissement d’Afrique. Le nom de Langani sous lequel ce village fut désigné depuis, n’est qu’une corruption de Pangani.
Les colons avaient toujours formés deux groupes, dont chacun était plus spécialement sous l’autorité de l’un des deux frères; et, tandis que le plus considérable s’établissait à Langani, avec Amadi pour chef, l’autre, sous la direction de Kambamba, poussa plus au Sud, et s’arrêta sur la petite île de Makambi.
Kambamba avait deux enfants, un fils et une fille. À la mort de son père, celui-là nommé Amadi, comme son oncle, conduisit le groupe dont il était chef dans la baie située sur la grande terre en face de Makambi. Ils s’établirent d’abord sur une petite île qui s’y trouve, puis ensuite au fond de la baie: le village qu’ils élevèrent fut appelé Bouéni, du nom de celui que Kambamba avait fondé à la côte d’Afrique.
Amadi de Langani avait eu plusieurs enfants dont l’ainé Mikdadi lui avait succédé. Ce Mikdadi fut lui-même remplacé par son fils, aussi nommé Amadi, et c’était celui-ci qui commandait Langani, lors de l’arrivée d’Andriamandissouarivou dans le pays. Amadi de Boéni avait eu une fille nommée Mariamo, et un fils appelé Faki qui lui succèda. Enfin, la soeur de ce même Amadi avait eu deux enfants mâles, Bakari et Ibrahim, qui, devenus grands, étaient allés s’établir avec leur gens, le premier dans la baie de Bombetok, où il fonda le village de Kandrani ou Kiouandrani, le second dans celle où débouche la rivière Bâli, dont il donna le nom à son village. À leur arrivée, les colons arabes avaient reçu des indigènes de nom d’Anti-Alaoutsi (hommes d’outre-mer), dont le mot Antalaots’ n’est qu’une contraction: ce nom servit depuis à les désigner, eux et leurs descendants, et à les distinguer des Arabes qui venaient habiter temporairement le pays pour y commercer.
Ces colons, actifs et industrieux, s’adonnèrent surtout au commerce; ils étendirent, en le régularisant, le système d’échange qui existait déjà dans la partie occidentale de l’île, et leurs établissements devinrent, en peu d’années, les lieux de rendez-vous de tous les marchands arabes qui, depuis longtemps, fréquentaient cette côte».
Guillain 1845, note 6, p. 357 et suivantes.
Ce récit recueilli au milieu du XIXe siècle par Guillain présente d’étonnantes similitudes avec les traditions swahilies (comme celle de Kilwa recueillie en 1505 par les Portugais) ou Comoriennes (comme par exemple celle du cadi Omar Aboubacar, 1865) puisque les Antalaotsy revendiquent eux-aussi ce même héritage du Golfe persique ou shirâzi, mis en perspective avec le monde swahili: on reconnaît ainsi le même récit fondateur de l’émigration d’Hassan et des sept boutres. Si cette tradition n’évoque pas explicitement l’origine shirâzi d’Hassan, les ruines de la mosquée de Langany, sur l’îlot de Nossy Manja, baie de Mahajamba, est bien attribuée par la tradition antalaotse comme étant une mosquée shirâzi fondée par les descendants d’Hassan. Pour ce qui est de la chronologie de la fondation des villes, toujours plus au Sud le long de la côte malgache, elle est en tout point confirmée par l’archéologie: le site archéologique de Langany par exemple est plus ancien que ceux de Boény et de Baly comme l’a démontré Pierre Vérin. Plus étonnant, l’évocation de l’abandon des établissements de la baie d’Ampasindava à cause de difficultés agricoles rappelle étonnamment l’abandon de Mahilaka, site également défendu par un rempart, qui selon Chantal Radimilahy et Henry Theodor Wright, les archéologues qui l’ont étudié, serait lié, au XIVe siècle, à un épuisement des ressources agricoles après des siècles de culture sur essarts. Ceci suggère une intéressante filiation entre les ports antalotsy fondés au XVe siècle avec leurs prédécesseurs médiévaux de la baie d’Ampasindava.
2. Les échelles commerçantes antalaotsy dans les sources historiques:
2.1 Les sources arabes:
Malgré une intégration ancienne de la côte malgache aux réseaux commerciaux médiévaux, les écrits arabes sont peu diserts sur ses ports, y compris pour les établissements de la baie d’Ampasindava occupés dès le IXe siècle comme la ville de Mahilaka dont on ignore le nom à l’époque médiévale (son nom actuel vient du village de Mahilaka Kely près duquel le site archéologique se déploie). Il faut attendre la fin du XVe siècle et le routier d’Ibn Majid, pour voir évoqué les noms, entre autres, de Saada (qui signifie forteresse en Antalaoste) pour la baie d’Ampasindava et Louloujan pour Nosy Manja (que les Portugais noteront Lulangane en 1506). L’absence de niveaux archéologiques antérieurs au XVe siècle sur l’îlot de Nosy Manja peut expliquer l’absence de ce port dans les écrits arabes antérieurs.
2.2 Description des établissements antalaotsy dans les sources portugaises du XVIe et XVIIe siècle:
À la suite de Vasco da Gama qui en 1498 atteint l’Inde après avoir doublé le Cap de Bonne Espérance, des expéditions portugaises vont explorer et soumettre rapidement la côte orientale africaine.
En 1506, Tristan Da Cunha qui avait ordre de s’emparer d’Ormuz fait escale à Mozambique. Là, il apprend d’une précédente expédition portugaise que le pays de Matitanana, à la côte Sud-Est de Madagascar, est très fertile et qu’il y existerait en abondance de l’argent et du gingembre selon les informateurs Malgaches qui avaient été ramené à Mozambique. Da Cunha décide alors d’explorer Madagascar par la côte ouest, encore inconnue, pour atteindre par la côte nord la région de Matitanana. La flotte atteint Madagascar au niveau de la baie de Boeni et où elle rencontre les premiers comptoirs arabes.
Le Malgache Bogima qui sert de guide et d’interprète aux Portugais est alors très mal accueilli par les Musulmans de la baie de Boeny qui lui reproche d’avoir conduit ici des chrétiens. Il est sauvé de justesse par l’intervention armée des Portugais. Il faut garder à l’esprit que les Musulmans rencontrés en 1506 par Tristan da Cunha à Madagascar ont certainement eu connaissance du terrible sac de Kilwa et de Mombasa commis par la flotte de Francisco d’Almeida (Freeman-Grenville, 1962: 105-112) l’année précédente en 1505, et qu’ils ont toutes les raisons de craindre l’arrivée des Portugais.
Tristan da Cunha voyant le triste état dans lequel il était [son interprète Bogima] et sachant que la population de la ville [Kingany selon l’hypothèse de Pierre Vérin] était uniquement composée de Musulmans, décida avec les autres commandants d’attaquer la ville le lendemain avant le jour; mais ce fut peine perdue, car tous les habitants avaient fui dans la forêt et ils ne se trouvèrent qu’une vielle femme, qui n’avait pu les suivre. [La relation de ces évènements faite par Fernan D’Albuquerque précise que cette ville fut également incendiée]. Le jour suivant , il fit avancer les navires de plus de trois lieues vers le Nord et il aborda à une autre ville importante [de la baie de Bombetoka] bâtie sur le bord d'une rivière; il ne fit aucun mal aux habitants qui étaient nombreux, mais il s'empara du chef qui était le seigneur du pays et qui, pendant la nuit, le conduisit à un îlot très peuplé, placé dans une baie bien fermée où se jette un grand fleuve, que les Indigènes appellent Lulangane [Langany, sur l’îlot Nossy Manja, baie de Mahajamba]. Sa population était composée de musulmans, plus civilisés et plus riches que ceux qui habitent d'autres points de la côte, car leur mosquée et la plupart des maisons étaient en pierres et chaux, avec des terrasses à la manière des constructions de Kiloa et de Mombaz.
Comme ils avaient aperçu la veille nos bateaux, dès qu'ils virent que nous ne continuions pas à suivre la côte et que nous entrions dans la baie, ils commencèrent, pendant la nuit, à se réfugier sur la terre ferme; mais il y avait beaucoup de monde dans cet îlot et les pirogues n'étaient pas nombreuses, de sorte qu'ils ne purent tous le quitter avant que le navire de Tristan da Cunha et celui de son fils, Nuno da Cunha, l'eussent cerné. Les Portugais tuèrent quelques Maures qui faisaient mine de résister et prirent plus de 500 personnes, dont la plupart étaient des femmes et des enfants; il n'y avait pas en tout parmi elles plus de 20 hommes, entre autres un vieillard qui était le seigneur de ce lieu; les autres avaient réussi à gagner la terre ferme. Dans ce passage du bras de mer, il périt plus de 200 individus, parce que, effrayés comme ils l'étaient, ils s'entassèrent dans les pirogues dont plusieurs chavirèrent. Tristan da Cunha et les autres capitaines s'installèrent dans les principales maisons de la ville, et les matelots festoyèrent gaiement pendant toute la nuit tandis que les captifs étaient tous en larmes.
Le lendemain, à l'aube, ils virent venir une foule d'embarcations où il y avait environ 600 hommes, prêts à mourir pour sauver leurs femmes et leurs enfants qui étaient restés entre les mains des nôtres. Tristan da Cunha, informé de leurs désirs et n'ayant aucune raison de leur infliger un châtiment, leur envoya dire par le chef, qui avait été fait prisonnier la veille, qu'ils pouvaient accoster sans crainte du moment qu’ils venaient chercher leurs femmes et leurs enfants, car il leur permettait des racheter, n’ayant jamais eu l’intention de leur faire du mal, mais voulant seulement prendre des vivres et renseigner sur le pays, et que, si quelques-uns avaient péri, c’était parce qu’ils avaient pris les armes. Une fois arrivé au milieu des siens, le Cheik leur apporta ces paroles et ramena avec lui un Maure vigoureux de belle taille, ayant à la main une simple paire de pagaies, qui, en arrivant auprès de Tristan da Cunha, se jeta à ses pieds, lui demandant d’avoir pitié des innocents qui étaient en sa possession et lui disant qu’il ne fallait pas leur en vouloir de ce qu’ils avaient eu peur des Portugais, car il est naturel qu’une créature éprouve de la crainte en présence de gens inconnus et cherche par tous les moyens à sauver sa vie et celle de ses enfants; que, s’ils avaient su qu’il était si bon et qu’il ne venait pas leur faire la guerre, ils n’auraient pas abandonné leurs maisons, qu’ils lui auraient rendu tous les services qu’ils auraient pu, tout pauvres et sauvages qu’ils étaient.
Tristan da Cunha, en entendant ce discours et en voyant la contenance humble et franche du Maure qui le prononçait et dont la figure triste en disait plus que les paroles, eut pitié de lui et lui dit qu'il se consolât, parce que leurs femmes et les enfants leur seraient rendus, et qu'en échange de ce bienfait il ne demandait que quelques bœufs et des vivres frais, et aussi des renseignements sur le pays. Le Maure, à ces mots, se jeta a ses pieds, baisant la terre sur laquelle ils étaient posés, et, après en avoir demandé la permission, il s'en fut porter la nouvelle à ses compatriotes qui l'attendaient et qui s'en retournèrent de suite à la terre ferme, d'où ils amenèrent plus de cinquante petites vaches, vingt chèvres, du maïs, du riz, et divers fruits.
Par l'enquête à laquelle il se livra, Tristan da Cunha apprit que tous les habitants de l'île Saint-Laurent étaient des Cafres, noirs, avec des cheveux crépus, comme ceux de Mozambique, qu'il y avait seulement, le long de la côte, quelques villes arabes, mais dont les maisons n'étaient pas aussi belles que celles de Langany. Il apprit aussi qu'on trouvait dans cette île un peu de gingembre, mais pas en quantité assez grande pour en charger des navires; quant aux clous de girofle et à l'argent, les Maures n'en connaissaient point, dans le pays, quoi qu'on leur eût dit que de l'autre côté de l'île, dans le Sud, les habitants portaient des manilles d'argent.
Tristan da Cunha s'en retourna à bord, peu satisfait de ces renseignements qu'il ne croyait pas véridiques et persuadé que les Maures le trompaient. Le lendemain, il mit à la voile pour aller à la ville de Sada (Anorotsangana) qui est située plus au Nord et où il arriva tard, quoiqu'il fût parti de très grand matin, de sorte que les matelots furieux du travail qu'ils avaient fait inutilement y mirent le feu, qui se propagea si vite parmi ces cases de roseaux et de chaume que, avant même qu'ils eussent regagné la plage, toute la montagne semblait en feu.
João da Barros, 1552, Da Asia, cité par Grandidier 1903: 27-31
Peu après, la flotte portugaise échoue à franchir le cap d’Ambre, tant les vents de décembre sont contraires. Tristan da Cunha se résigne à rejoindre Mozambique sans atteindre la côte Est de Madagascar. En chemin, il croise l’archipel des Comores (janvier 1507) qui reçoit ainsi la seconde visite d'une flotte portugaise après celle de Vasco de Gama lors de son voyage de retour en 1499.
Au début du XVIIe siècle, le Vice-roi du Portugal à Goa charge des missionnaires Jésuites à s’établir à Madagascar. Si cette implantation est un total échec, les lettres du père Luis Mariano et son routier des côtes de l’île de Saint Laurent (Madagascar) fournissent des renseignements précieux sur les cités commerçantes Antalaotsy:
Mazalagem le Vieux [Langany dans la baie de Mahajamba] est situé un peu au-delà du 15e degré. L'entrée de la baie a une largeur d'une lieue et demie ; dans l'intérieur, elle se rétrécit et ne mesure plus qu'une lieue ; elle est orientée Nord-Sud, et, à environ deux lieues dans l'intérieur et près de sa côte Est, il y a un îlot qu'on voit parfaitement de l'entrée de la baie et qu'on reconnaît sans difficulté à un grand arbre très touffu qui y existe. Cet îlot a été, autrefois, la résidence des rois de Mazalagem, mais, il y a douze ou quatorze ans. (...)
À cinq ou six lieues avant d'arriver à Bueni (lorsque l'on vient du Nord) on trouve le fleuve Managâra [la baie de Bombetoka]. (...)
Bueni qui est le port le plus fréquenté par nos navires (...) se reconnaît très facilement grâce à une petite île triangulaire nommée Macâmbe [nossy Makamby]
(...) À l'entrée même de la baie de Bueni du côté Ouest se trouve Nosy Antseranandava [Nossy Antsoherindava]. Les habitants de Bueni [Nossy Antsoribory] sont des Maures; ils parlent les deux langues de l'île, la langue bouque et la langue de la côte de Malindi avec laquelle ils entretiennent des relations commerciales ainsi, du reste, qu'avec l'Arabie. On y fait surtout un grand commerce d'esclaves des deux sexes, surtout d'enfants que les Maures, et principalement les Arabes, achètent en grand nombre pour les faire servir à des usages infâmes ...
Routier de l’île de Saint Laurent, réalisé en 1613-1614 par le père Jésuite Luis Mariano, cité par Grandidier 1905: 652-655.
On apprend ici que le swahili ( la langue de Malindi) et le malgache (le buque, de l’arabe «buqi», qui désigne les Malgaches) sont les langues parlées par les Antalaotsy qui contrôlent le commerce entre Madagascar et le reste de l’océan Indien occidental. La traite des esclaves, provenant des razzias que les Sakalava opèrent en direction des hauts plateaux malgaches, est le principal commerce de Boeny. Les enfants étaient privilégiés, surtout les garçons qui étaient émasculés pour devenir des serviteurs eunuques alors très recherchés au Moyen-Orient. Lorsque l’on foule aujourd’hui le sable blanc de l’îlot d’Antsohéribory, on imagine guère qu’il était d’usage d’enterrer à mi-corps dans ce sable les esclaves émasculés pour aider à la cicatrisation! Les esclaves issus des hauts plateaux malgaches (Imerina et Betsiléo) et qui n’étaient pas destinés à «l’exportation» vers le Moyen-Orient n’étaient pas émasculés et leurs descendants forment encore aujourd’hui dans la région de Majunga, une caste toujours très modeste, les «Bourzanes», terme excessivement péjoratif qui est employé à Majunga pour qualifier les Malgaches originaires de l’Imerina, quelque soit leur origine sociale. Les Sakalava, pour la mise en valeur de leurs terres agricoles et la surveillance des troupeaux de zébus firent aussi venir des esclaves mozambicains de l’ethnie makwa.
3. Archéologie des établissements musulmans du Nord-ouest de Madagascar
3.1 Mahilaka
Mahilaka est un important complexe archéologique médiéval situé au fond de la baie d’Ampasindava. Il n’existe pas de certitude sur la filiation entre les ports antalaotsy des XVe-XVIe siècles des baies de Mahajamba et de Boeny et l’établissement médiéval de Mahilaka.
Néanmoins, ce comptoir assurément musulman, entouré d’un rempart et doté d’une forteresse et qui connut son apogée entre le Xe et le XIVe siècle décline autour de 1400, à l’époque même où se développent les comptoirs antalaotsy.
Il est donc très tentant d’y reconnaître un déplacement vers le sud de populations déjà assimilables aux Antalaotsy, comme d’ailleurs semble le suggérer la tradition recueillie par Guillain à Nosy Bé (citée plus haut).
Aperçu des ruines de Mahilaka: maçonneries conservées du rempart (cliché A. Garrit 2010).
C’est en 1910 que Lucien Millot rend compte à l’Académie malgache de la découverte d’un important complexe archéologique à Mahilaka. Le site fut visité en 1939 par Decary qui prit quelques notes. En 1947, Charles Poirier étudia sommairement la mosquée. Pierre Vérin y mena également des fouilles en 1967. Chantal Radimilahy qui mena une étude archéologique sur ce site réalisa une importante contribution publiée en 1998.
Sculptures sur corail (porites) provenant des ruines de la mosquée de Mahilaka (découverts par Millot en 1910):
3.2 Nosy Manja
C’est sur ce minuscule îlot à l’entrée de la baie Mahajamba (prononcer Ma’azamb’) qu’était située la ville de Langany, capitale du sultanat antalaotsy dont les autres établissements de la côte dépendaient, attaquée par les Portugais en 1506, détruite lors des conquêtes sakalava vers 1599:
À l'époque où les Sakalava s'établirent dans le Nord il y avait à la côte ouest de Madagascar quatre établissements antalaots (musulmans); l'un et c'était le plus considérable, à Langani, ayant pour chef Amadi, un second à Kandrani dont le chef était Manafi, fils de Bakari; un autre à Bouéni, sous l'autorité de Faki ou Yombi Faki; un quatrième enfin, à Bâli, gouverné par Ibrahim. Tous les quatre relevaient politiquement et religieusement du chef de Langani qui prenait le titre de sultan et pour lequel la prière était dite par tous les colons.
Jusqu'alors, les Antalaots avaient vécu en bonne intelligence avec les Indigènes, sans se reconnaître dépendants de leurs chefs; le conquérant sakalava voulut leur imposer sa souveraineté et fit attaquer Langani. Les habitants résistèrent (...) Ils furent battus et, leur chef Amadi ayant été tué, ils s'embarquèrent avec leurs familles et se réfugièrent à Bouéni.
Guillain 1845 Histoire des établissements antalaots à la côte nord-ouest de Madagascar. Note G. p. 357, cité par Charles Poirier, 1949: p 218.
Les vestiges de Nosy Manja ont été explorées en 1885 par le capitaine de corvette Marin Darbel qui dressa quelques croquis de bâtiments en ruine. Puis en 1913, Jacquier, le chef de district d’Analalava en réalisa une présentation détaillée largement mise à profit par Charles Poirier en 1949. Ce dernier fit une mission d’exploration en 1947 et réalisa quelques croquis de tombes et dressa un plan de l’îlot. En 1966, Pierre Vérin mena une investigation poussée de l’îlot avec prospection et relevé de la nécropole. Il repéra également des villages satellites de Langany dans la baie de Mahajamba, chargés d’approvisionner la ville en riz et en bétail.
Ruines d'un édifice encore visible en 1885 (croquis de Marin Darbel):
Croquis de mausolées de Langany (Nosy Manja) réalisés par Charles Poirier en 1949:
Croquis des vestiges du mihrab de la mosquée shirâzi de Langany (Poirier 1949):
3.3 Kingany
Kingany se situe à l’extrémité Nord de la baie de Boeny, à la rive Ouest, face à l’îlot d’Antsohérindava.
Vue de Kingany depuis l'extrémité nord de l'îlot d'Antsoherindava (cliché M. Pauly 2012)
Selon Pierre Vérin qui étudia ce site en 1967, Kingany n’est que de très peu postérieur à la fondation de Nosy Manja et constitue le plus ancien établissement de la baie de Boeny. D’après son intuition, et bien que les sources portugaises ne mentionnent pas exactement la localisation de cette ville, Kingany serait la ville incendiée par la flotte de Tristan da Cunha en décembre 1506 peu avant l’attaque de Langany. Après cet épisode, la ville aurait été déplacée sur l’îlot d’Antsohéribory.
Pierre Vérin y a identifié de nombreux vestiges dont la seule tombe à pilier -d’architecture swahilie- connue à Madagascar:
Aujourd'hui, une épaisse forêt recouvre les vestiges de Kingany et les racines de gros arbres achèvent de disloquer les belles plaques de corail sculptées qui ornaient les tombeaux de cette ville multiséculaire. A l'extrémité ouest des ruines se dresse un pilier octogonal de près de 3,50 m de hauteur qui marque la tombe d'un sultan. Ce monument, courant sur la côte d'Afrique, est le seul que l'on connaît à Madagascar. Il était traditionnellement attribué aux souverains qui disparaissaient alors qu'ils étaient en fonctions. Un privilège remarquable si l'on considère la fréquence des coups d'État qui secouaient les royaumes musulmans de la côte.
Vérin 1990: 48
3. 4 l’îlot d’Antsohéribory: ultime capitale des Antalaotsy.
Sur cet îlot de la baie de Boeny se trouvait jadis l’ultime capitale des Antalaotsy, appelée Boeny, et décrite par les sources portugaises du XVIIe siècle comme une ville très peuplée (jusqu’à 7000 habitants), il y existe encore aujourd’hui de très beaux vestiges datant pour la plupart du XVIIe siècle. Après la destruction de Langany dans la baie de Mahajamba, les Antalaotsy se réfugièrent dans la baie de Boeny. Longtemps, les navigateurs et cartographes prirent l’habitude de nommer Langany «Vieux Masselage» et Boeny «Nouveau Masselage». Masselage étant la corruption de Mahajamba, que les Malgaches prononcent «Ma’azamb», et qui désigne la baie où se situe l’îlot de Nossy Manja où était située la ville de Langany.
Végétation de forêt sèche sur l'îlot d'Antsohéribory, cliché M.Pauly 2012
L’îlot, tout comme celui d’Antsohérindava est entièrement couvert de sable blanc reposant sur un socle de grès marin. Une mangrove se développe à l’Ouest, et il a la forme curieuse d’une raie manta, avec son étroit prolongement rocheux qui se déploie vers l’Est. Une forêt sèche le recouvre aujourd’hui, un petit hameau de pêcheur existant aujourd’hui au nord, près de l’ancienne mosquée.
tessons à Antsohéribory, clichés M.Pauly 2012
Lorsque l’on parcourt l’îlot, on remarque au sol des quantités de tessons de céramique à décor peigné ou géométrique. On retrouve également des fragments de vaisselle importée: bleu et blanc chinois à motif animalier, bols à fond annulaire persans et portugais provenant du Mozambique. Parfois, l’on rencontre des tertres sableux qui sont autant de tells archéologiques, témoins d’anciennes constructions. Il n’est pas rare de remarquer alors que la sable prend une couleur grise, à cause de la présence de charbon de bois.
ruines de la mosquée, cliché M.Pauly 2012
La mosquée et une construction à l’Est de celle-ci, attribuée à la «case du sultan» ne présentent plus que quelques pans de murs en ruine. À l’inverse, plusieurs nécropoles sont parfaitement conservées. Deux ensembles de sépultures sont les plus remarquables. Elles se situent dans la moitié Sud de l’ïlot. Le premier, appelé «groupe Jully» du fait de l’explorateur qui en a fait le relevé en 1895, présente une succession de mausolées à ailettes assez bien conservés même si les voutes, jadis en coupole, ont aujourd’hui disparu. Les encadrements des portes de ces mausolées sont réalisés à partir de corail sculpté (porites) décorés de moulures plates en gradin et la baie est surmontée d’un arc en plein cintre outrepassé.
mausolées d'Antsohéribory, clichés M.Pauly 2012
La deuxième nécropole est de loin la plus impressionnante, située à 120 mètres plus à l’Ouest du groupe Jully, elle fut relevée et étudiée par Pierre Vérin. On y retrouve des enclos funéraires à panneaux moulurés, des sépultures à ailettes ou simples murets délimitant une forme rectangulaire , et deux mausolées imposants, jadis couverts de coupoles et dont il subsiste aujourd’hui les piliers centraux d’architecture typiquement swahilie avec leur base cubique, le fut de section octogonale et le chapiteau géométrique à quatre face demi-circulaires, à la manière des chapiteaux ottoniens d’Europe médiévale. Il n’est pas rare de voir en négatif dans les maçonneries les traces d’incrustation de bols. Un fragment conservé appartient à un bol chinois de la période Ming, de type bleu et blanc.
détails architecturaux, clichés M.Pauly 2012
Cet îlot sableux, est dépourvu de pierres (malgré l’étymologie bantoue de Boeny, «bweni», le lieu des pierres!). C’est donc du lagon que provient la matière première de ces constructions où les moellons de toutes tailles sont extraits du grès de plage, le mortier est réalisé à base de sable et de chaux corallienne tandis que les encadrements des portes des tombeaux sont sculptés dans du corail (porites), technique courante dans tout l’océan Indien occidental.
Selon Pierre Vérin qui s’appuie sur les tessons d’importations pour dater l’occupation de l’îlot d’Antsohéribory, celui-ci fut principalement occupé aux XVIe-XVIIe siècles, abandonné vers 1750 lorsque la baie de Bombetoka fut privilégiée pour accueillir les navires européens de fort tirant d’eau qui se livraient à la traite. Pierre Vérin envisage même que Kingany, au nord-ouest de la baie de Boeny, est ce comptoir arabe incendié par les Portugais en 1506. Les Antalaotsy se seraient donc établis sur l’îlot d’Antsohéribory jugé plus sûr. Celui-ci, est alors devenu la capitale des Antalaotsy après la destruction de Langany, sur l’îlot de Nossy Manja, baie de Mahajamba, vers 1599. Le XVIIe siècle étant manifestement la période de l’âge d’or de cette cité-commerçante de Boeny. Les nombreuses constructions funéraires décrites plus haut seraient donc à rattacher à cette époque ou un sultan antalaotsy et une importante aristocratie vivent sur cet îlot.
Avec les conquêtes sakalava, Boeny, certes perd son rôle de capitale, mais conserve celui de port de commerce, interface privilégié entre la côte occidentale de Madagascar et le reste de l’océan indien occidental. Les Sakalava sont alors fournisseurs de bétail, riz, et surtout d'esclaves, qu’ils échangent dans ce comptoir antalaotsy auprès des commerçants swahilis, comoriens mais aussi européens, principalement hollandais, contre des tissus indiens, de la vaisselle asiatique, de l’étain, des armes à feu et de la poudre. Loin de disparaître avec la conquête sakalava, les activités commerciales des Antalaotses sont maintenues. Pierre Vérin résume bien ce nouveau rapport équilibré entre Antalaotsy, maîtres du commerce maritime et les nouveaux maîtres sakalava:
«Graduellement, durant le XVIIe siècle, Anglais, Hollandais, Français et même Danois viennent participer au commerce et la baie devient donc un lieu privilégié pour l'approvisionnement et les rafraîchissements, en même temps que pour les livraisons d'armes à feu. Les armes se troquent pour des esclaves et cette nouvelle donnée du commerce conduit le roi sakalava de l’arrière pays à contrôler le commerce des musulmans; ceux-ci font leur soumission et un modus vivendi s’établit, accord dont les étrangers sont vite avisés. Les relations des capitaines de navire font état de la nécessité préalable de visiter le souverain sakalava avant de commencer toute négociation commerciale. Celui-ci fixe d'ailleurs en ces occasions le tarif des marchandises et le montant de sa part. On voit donc s'instaurer au Menabe, comme au Boina, une dualité de capitales. Le siège politique est dans l'intérieur à une certaine distance de la mer (30 à 50 km) car le roi craint les réactions armées de ses interlocuteurs étrangers; le centre commercial des relations est sur le littoral Morondava au Menabe, et le Nouveau Masselage, aussi appelé Boeny puis Antsoheribory, au Boina.»
Pierre Vérin 1990: p.51-52
4. Les Antalaotsy aujourd’hui:
Tombeaux arabes de Majunga, 1894, cliché extrait du "tour du monde", coll.part.
Loin de vivre dans l’opulence de leurs ancêtres, les Antalaotsy que j’ai rencontré à Majenga vivent dans des conditions modestes.
À Katsepy, à la rive méridionale de la baie de Bombetoka formée par l’estuaire de la Betsiboka, vivent encore aujourd’hui des familles antalaotsy descendantes des lignages aristocratiques qui régnaient jadis sur ces anciens comptoirs dits «arabes».
Des liens culturels forts avec ces lieux ancestraux s’y sont maintenus malgré l’abandon des cités commerçantes: certains habitants de Katsepy se font encore aujourd’hui inhumer à Antsohéribory ou dans la baie de Baly et entretiennent régulièrement les tombeaux de l’îlot. Lorsque ces dernières années des universitaires d’Antanarivo visitèrent les ruines de Kingany et d’Antsohéribory, ils demandèrent à être accompagnés par ces Antalaotsy de Katsepy.
Parfois de lignée noble Charifou, certaines familles détiennent encore d’anciens manuscrits de prière et sont, de ce fait, les gardiennes de la tradition islamique sunnite chafii des antalaotsy.
Sur l'étagère d'une maison antalaotsy: manuscrits arabes, encensoir en forme de zébu et cristal de roche protecteur. clichés M.Pauly 2012
En rencontrant Cheban Bakil à Katsepy, j’ai pu constater que la tradition orale des Antalaotsy était encore très vivace et que dans ces familles, les plus âgés maîtrisaient parfaitement leur histoire, et avaient également connaissance des recherches scientifiques à leur sujet puisqu’ils m’ont cité le travail de Pierre Vérin.
Cheban Bakil, antalaotsy de Katsepy et intérieur de la mosquée antalaotsy de Katsepy (clichés M.Pauly 2012).
Les nouvelles générations semblaient malheureusement se détourner de ce savoir qu’elles ne maîtrisent plus.
Embarcation qui nous ramène de Katsepy à Majunga, cliché M.Pauly 2012
Martial Pauly
Références:
Guenier N. 1986 Lexique du dialecte malgache de Mayotte (Comores), Études Océan Indien n°7, numéro spécial Dico-Langues’O, INALCO, Paris, 369 p.
Guillain 1845 Histoire des établissements antalaots à la côte nord-ouest de Madagascar.
Grandidier A. (et alii) 1903, Collection des Ouvrages Anciens de Madagascar, Paris, Comité de Madasgascar tome I, 600 p.
Grandidier A. (et alii) 1905, Collection des Ouvrages Anciens de Madagascar, Paris, Comité de Madasgascar tome III, 758 p.
Poirier C. 1949 «terre d’islam en mer malgache», cinquantenaire de l’académie malgache, Tananarive, Imprimerie officielle, pages 193-261.
Radimilahy, 1998, Mahilaka: an archaeological investigation of an early town in northwestern Madagascar, Studies in African Archaeology (Uppsala), 1998, n° 15, 293 p.
Vérin P. 1972 Histoire ancienne du Nord-Ouest de Madagascar, Taloha 5, revue du musée d’Art et d’Archéologie, Université de Madagascar, 175p.
Vérin P. 1975 Les échelles anciennes de commerce sur les côtes nord de Madagascar, thèse d’État, 2 tomes, Lille, Service de reproduction des thèses, 1975, 1 028 p.
Vérin P. 1986 The history of civilisation in north Madagascar, translated by David Smith, Boston, A.A. Balkema.
Vérin P. 1990, Madagascar, Karthala, Paris, 160 p.
Vernier E. et Millot J. 1971 Archéologie malgache, comptoirs musulmans, catalogue du musée de l’Homme, Paris, 180 p.
Wright. H.T (et alii) 1996, «The evolution of settlement systems in the bay of Boeny and the Mahavy river valley, north-western Madagascar», Azania: Archaeological Research in Africa, volume 31, pages 37-73.
Wright H., Radimilahy C. & Allibert C. 2005 «L ’ évolution des systèmes d’ installation dans la baie d’Ampasindava et à Nosy-Be», Taloha, n° 14-15 http://www.taloha. info/document.php?id=137
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