Si l’on s’accorde pour qualifier ce récit de «très romancé», certains détails restent très plausibles: le fait que la capitale (Tsingoni) est localisée sur la côte Ouest par exemple. On pourrait donc y voir une part de vérité pouvant expliquer l’origine de la ruine de Tsingoni conduisant le choix fait par le sultan Salim, à la fin du XVIIIe siècle de déplacer la capitale du sultanat sur l’îlot de Dzaoudzi, jugé plus sûr.
«L’idée leur vint de s’emparer du sultan d’Anjouan afin d’obtenir de lui une forte rançon, mais le maître, qui ne connaissait point les côtes de cette île, n’y voulut pas conduire le navire.
Ils croisèrent au milieu de cet archipel et firent une descente à Comaro [la Grande Comore] dont ils prirent la capitale, sans y trouver d’autre butin que quelque chaînes d’argent et de mauvaises toiles, puis ils allèrent à Mayotte, où ils embarquèrent un Français qui y avait naufragé et avait été bien traité par le sultan; ils lui demandèrent de les aider à prendre la ville de ce sultan; il leur dit que tel n’était pas son avis, parce qu’il avait de grandes obligations aux habitants de ce pays, toutefois que, comme il était sous leur dépendance, il ferait ce qu’ils lui demanderaient. Ils entourèrent donc la maison du sultan et, après trois jours de lutte, ils s’en emparèrent. Le fils du roi s’ouvrit, le cimeterre à la main, un chemin à travers la masse des pirates, mais il ne tarda pas à être tué. Le prétexte qu’ils mirent en avant pour expliquer leur conduite cruelle, c’est que les Mayottais avaient empoisonné l’équipage d’un navire ami. Le roi eut beau nier et affirmer, ce qui était vrai, que jamais il n’était venu sur sa rade un navire du nom qu’on lui disait, il fut conduit à bord, et on enferma les autres prisonniers dans une sorte de mosquée dont trente-six hommes eurent la garde.
L’alarme ayant été donné dans toute l’île, les indigènes accoururent au nombre de plusieurs milliers et attaquèrent cette garde; mais les gens du navire, entendant des coups de fusil et voyant les coteaux couverts de monde, tirèrent quelques coups decanon chargés à mitraille qui firent un grand massacre de Mayottais et les obligèrent à fuir.
Le sultan donna pour sa rançon quelques chaînes d’argent valant mille piastres et toutes les provisions dont ils pouvaient avoir besoin. Lorsqu’il fut conduit à terre, on lui fit jurer que les pirates étaient les maîtres de l’île et que jamais il n’empoisonnerait d’Européens.
Après cette expédition mémorable, ils restèrent encore une quinzaine de jours à Mayotte, toujours sur leurs gardes, puis ils firent voile pour la baie de Saint-Augustin, emmenant avec eux vingt esclaves comme domestiques.»
Daniel Defoe, La véritable histoire des pirates, cité par A. Grandidier, Collection des Ouvrages Anciens Concernant Madagascar, tome 3, p 560-561.
« Ne réussissant pas à doubler le Cap d’Ambre à cause des courants, il revint à Mayotte; il mouilla sur la côte Ouest de cette île, dans un port nommé Sorez, où quelques temps auparavant était venu commercer un navire anglais. Le commandant, un certain Price, étant allé à terre avec le docteur, tous deux furent par la suite vendus à des Arabes.
Apprenant cette infamie, North et ses hommes firent une descente dans l’île, incendièrent la principale ville et ravagèrent la plus grande étendue possible de champs.»
Daniel Defoe, La véritable histoire des pirates, cité par A. Grandidier, Collection des Ouvrages Anciens Concernant Madagascar, tome 3, p 590.
M.Pauly
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