Ces deux inscriptions sur blocs de corail (porites), scellées dans chaque piédroit du mihrab de la mosquée de Tsingoni, livrent le nom du sultan commanditaire et sa date d'inauguration. C'est un document essentiel pour la connaissance historique, puisqu'il permet de donner un jalon chronologique aux règnes fournis par la tradition. La confrontation de ces deux sources complétées par l'indication de Robert Orme en 1754 qui rapporte que l'arrivée des Arabes remonte à 300 ans, permet aujourd'hui de dater l'établissement du sultanat à Anjouan et Mayotte aux années 1460-1470.
Ces inscriptions révélées il y a peu de temps (2006), mettent un terme à la controverse sur la date de fondation de la mosquée de Tsingoni, dont le mihrab est aujourd'hui parfaitement daté de 1538. Néanmoins, une mosquée plus ancienne a certainement existé à Tsingoni puisque Piri Reis évoque en 1517 l'existence de musulmans chaféites dans cette localité, ainsi que la présence d'un cheik très vénéré, Faqi Mulazi.
Piri Reis, dans son poème décrivant les Comores évoque aussi le nom du sultan de Mayotte: le chah Mohamed ben sultan Omar, ce qui ne contredit pas l'inscription qui pour 1538 évoque le nom du sultan Ali ben sultan Mohamed (Ali, fils du sultan Mohamed). Par contre, les traditions ne mentionnent pas de sultan Omar pour cette époque, parlant du sultan Hassan comme aïeul d'Issa/Ali.
Photographies et relevé des inscriptions du mihrab de Tsingoni.
Traduction
Ce mihrab a été construit par le Sultan ‘Issa [mais la lecture Ali est plus probable] fils / du sultan Mohamed, le jour de [lacune] / du quatorzième jour de dhi lqi’da
de l’année du Vendredi [après ?] [mot illisible ; peut être shura, شر ?], quatre / quarante et neuf cent [944] de l’Hégire /
[courte ligne lacunaire] sur celui qui l’a accompli les meilleures prières / et le salut.
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