L'îlot de Mtsamboro est réputé pour sa très grande plage «mtsanga antakoudja», au fond d'une vaste crique, au côté sud de l'îlot. C'est surtout une vaste zone de culture réputée pour ses agrumes où viennent travailler les habitants des villages de la commune de Mtsamboro.
Plusieurs petits sites archéologiques y sont connus. Il s'agit de campements saisonniers (tobé) où séjournaient quelques jours les cultivateurs lorsqu'ils se rendaient sur l'îlot. Le tobé moderne, à l'ouest de la grande plage reflète cette ancienne réalité que les barques à moteur ont rendu désuète.
L'accès à l'eau douce a toujours posé problème. Un puits permet d'atteindre la nappe d'eau saumâtre. Ailleurs, des petits dispositifs utilisant la forme naturellement creuse de certains rochers étaient employés pour récupérer l'eau de pluie. Vivre et cultiver sur l'îlot n'est donc pas chose facile, et sa mise en valeur agricole traduit le besoin croissant de terres agricoles facilement accessibles. Dater les anciens établissements humains sur l'îlot est donc un moyen d'identifier les époques où les besoins en terre se sont fait sentir. C'est révéler les périodes de croissance démographique de la Grande Terre.
Parmi ces anciens campements, le plus ancien est un abri sous roche remarquable, découvert il y a quelques années lors d'une prospection archéologique (2007):
L'intérêt de ce site réside dans la bonne conservation des vestiges où à la manière des "abris sous roche" préhistoriques d'Europe, les occupants ont accumulé devant l'entrée de l'abri leurs rejets culinaires et des tessons de céramique, formant ainsi un dépotoir.
Les tessons découverts dans ce dépotoir, datés pour les plus anciens de la tradition Hanyoundrou, permettent de repousser, au mois, au XIIIe siècle le début de l'occupation de ce campement, qui se poursuit jusqu’au XVIIe siècle. C’est donc entre le XIIIe et XVIIe siècle, puis plus récemment à partir du XIXe siècle, que les habitants de la Grande Terre ont eu besoin d’atteindre l’îlot, éloigné de 6 km de la Grande Terre, pour le mettre en valeur et établir des campements saisonniers. Ce site présente donc un grand intérêt pour connaître les évolutions démographiques connues par Mayotte: un essor démographique conduit dès l’époque médiévale à la mise en valeur agricole de l’îlot, puis au cours des troubles du XVIIIe siècle qui voient le début du déclin démographique de Mayotte, l’îlot n’est semble-t-il plus cultivé, pour l’être à nouveau au XIXe et XXe siècle.
vue des cultures environnantes depuis le sommet du rocher sous lequel se situe l'abri sous roche.
M.Pauly