Samedi 14 et dimanche 15 mai, la fouille a été reprise, après une interruption le week-end dernier.
Aperçu de la fouille, avec vestiges de l'enclos urbain médiéval
La fouille des stratigraphies du rempart (sur une superficie totale de 32 m2) a été poursuivie: la céramique découverte, de tradition Acoua tardive et Tsingoni ancien, associée aux décombres arrachés au rempart, fournit le XVe siècle comme indication chronologique de la période de destruction du rempart.
Poterie de tradition «Acoua tardive» (XVe siècle)
Deux surprises ont accompagné ces journées de fouille:
premièrement, la découverte d’un massif maçonné plus ancien que les structures de la porte du rempart et qui semble être les arases d’une première porte qui aurait été réaménagée au XVe siècle (chronologie à vérifier). Ces deux étapes de constructions expliquent le décrochement observé par le tracé du rempart: à une éventuelle porte en chicane, a succédé une porte plus imposante avec une probable toiture plate, recouverte d’un enduit de chaux dont certains éléments ont été retrouvés dans les décombres.
Maçonneries du rempart: élévation conservée des piédroits de la porte (fruit d’une restauration de la porte de l'enclos urbain au XVe siècle?) et arases d’une première phase de construction (porte initiale XIe-XIIe siècle).
Enfin, dans ces niveaux du XVe siècle, un tesson portant un décor inédit à Mayotte a été découvert. Il s’apparente à la culture tranovato du sud de Madagascar (régions de l'Anosy et de l'Androy).
C’est le deuxième témoignage, découvert à Acoua, de contacts entre la grande île et Mayotte: un tesson du XVe siècle similaire aux traditions des échelles antalaotra du XVe siècle avait été découvert en 2006. Cette nouvelle découverte atteste de liens commerciaux avec le sud de Madagascar pour la même époque.
En de nombreux endroits, la fouille commence à faire apparaître une couche homogène, riche en céramique de tradition «Acoua» (XIVe siècle) et très rubéfiée (trace d’incendie). Cette couches, vierge de décombres du rempart est celle qui précède le début de la phase de destruction du rempart.
En outre, les récoltes de tessons et de déchets alimentaires représentent déjà plusieurs kilogrammes. Ils indiquent pour ces niveaux du XVe siècle et ultérieures une grande variété alimentaire: poissons, coquillages, volaille, petit bétail (ovins et caprins) et zébus sont très abondants, ce qui répond parfaitement aux descriptions de l'île pour les XVe-XVIIe siècles, où l'abondance des productions agricoles permettait des surplus qui participaient aux échanges commerciaux.
On s'étonnera de l'absence des importations attendues pour cette époque (porcelaine chinoise Ming, "bleu et blanc"), fait déjà observé lors de la fouille du quartier des notables.