La fouille du «quartier des notables» à Acoua en 2008 a permis de mettre au jour les structures archéologiques d’un quartier d’habitation aisé (accéder à l'article "bilan des fouilles archéologiques à Acoua" ).Très bien conservées sous une habitation en pierre bâtie autour de 1400, les structures d’une construction antérieure du 14ème siècle avait été identifiées.
Les structures archéologiques retrouvées à la fouille, comparées aux connaissances ethnologiques permettent de restituer cet habitat aisé du XIVème siècle.
Elle se présente comme un édifice rectangulaire, délimité à l’emplacement des murs gouttereaux par un alignement de moellons de basalte, et côté mur pignon, par un sous-bassement maçonné composé de moellons de basalte et de corail liés par un mortier de chaux.
Ces structures correspondent à des solins, qui supportaient une élévation construite en bois et matériaux périssables. On peut tout à fait restituer ces élévations par comparaison avec des constructions similaires, encore pratiquées à Mayotte il y a plusieurs décennies ou aujourd’hui à Madagascar, dans ses régions côtières. Les parois sont alors composées de tiges de branches du palmier raphia assemblées, structurées dans une ossature en bois assemblée sur des poutres sablières elles-mêmes portées par des soubassements en pierre. La toiture, à deux pans, étaient réalisées à partir de feuilles de cocotier tressées, comme il est encore courant de l’observer de nos jours.
L’intérieur de cette case était surélevé par une très épaisse couche de sable acheminé depuis la plage voisine. Des nattes tressées devaient probablement recouvrir les sols intérieurs. Aucun foyer intérieur n’a été reconnu. Les activités culinaires, pour limiter les risques d’incendie, se pratiquaient à l’extérieur.
À proximité, les structures de deux constructions légères y sont associées et reconnues grâce à un niveau de sol composé également de sable, et de plusieurs trous de poteaux avec pierres de calage. À proximité, un dépôt de chaux subsiste de la phase de construction des maçonneries.
Cette construction est la première de ce type à introduire partiellement les techniques de maçonnerie pour ses soubassements. Elle permet de dater du 14ème siècle, la mutation opérée dans l’habitat des élites, avec l'adoption progressive de la pierre pour la construction. Des similitudes avec l’architecture traditionnelle malgache semblent confirmer une fois encore, l’origine des élites dominant la chefferie d’Acoua. Dans la phase suivante, datée du XVe siècle, l’habitat en pierre se généralise et donne naissance aux grandes habitations en pierre révélées lors de la fouille à Acoua entre 2006 et 2008, constructions inspirées de l’architecture swahili.
M.Pauly