La première quinzaine d’octobre a été consacrée à une opération archéologique dans la baie de Soulou, sur un ancien établissement du XVIIe siècle.
L’opération a consisté en une reconnaissance et étude stratigraphique de l’ensemble du site ainsi qu’un sondage d’évaluation du potentiel archéologique. Ce dernier a permis de préciser la chronologie de l’occupation du site et de déterminer l’identification d’un bâtiment reconnu lors d’une prospection précédente. Ce sondage a révélé l’entrée sud d’une mosquée ainsi qu’une partie de son bassin aux ablutions.
Cette mosquée était semble-t-il couverte d’une toiture en végétal à deux pans, débordant au delà du mur pignon pour abriter la birika. Autour du bassin, alimenté en eau par les eaux de la toiture, le sol était recouvert d’un enduit de chaux et des trous de poteaux indiquent l’existence d’une cloison légère permettant aux fidèles de pratiquer leurs ablutions à l’abri des regards. Devant l’entrée de la mosquée, de grandes dalles de basaltes maçonnées constituaient le sol, tandis que le seuil de l’entrée était réalisé à partir d’une colonne basaltique. Plusieurs phases de construction ont été reconnues, correspondant à des efforts pour protéger l’entrée de la mosquée de coulées de boue lors de gros épisodes pluvieux. Il est possible de proposer une datation pour cette mosquée: elle se rattacherait à l’occupation de la fin du XVIIe siècle, chronologie établie sur ce site grâce aux monnaies trouvées en prospection par Daniel Liszkowski depuis 1994.
Quelques tessons de porcelaine chinoise de type «bleu-blanc» confirmeraient cette datation. Suite à son abandon après un incendie à la fin du XVIIIe siècle (conséquence de l’expédition anjouanaise décrite par Péron en 1791?), la ruine devient un lieu de culte rendu aux djinns (ziara) avec de nombreux dépôts d’offrandes, dont un tesson remarquable portant un graffiti de boutre, unique représentation ancienne de navire connue actuellement à Mayotte. Une monnaie de 1872 indique que la dépose d’offrandes s'est poursuie jusqu’à la fin du XIXe siècle. L’édifice est par la suite en grande partie recouvert par les colluvions (les anciens niveaux de sol de la mosquée sont à près d’un mètre de profondeur par rapport au sol actuel) et tombe dans l’oubli puisqu’aucune offrande contemporaine n’y a été reconnue (le culte au djinns rendu actuellement à la cascade voisine de Soulou serait peut-être la perpétuation de ce culte aux esprits jadis rendu sur cette ancienne mosquée).
Le rapport archéologique est en cours d'achèvement et sera prochainement remis au DRASSM, autorité supervisant l’opération.